La hausse des prix incite les consommateurs à se détourner de l’achat de produits neufs. L’économie circulaire a le vent en poupe, encouragée par de nouvelles solutions venues de startups comme de grands groupes. Voici 7 initiatives qui dessinent peut-être la consommation de demain.
Avec TULU, il est possible de louer un aspirateur ou une imprimante dans le hall de son immeuble
Nos logements regorgent d’objets que nous utilisons parfois à peine une demi-heure par semaine. Aspirateur, machine à coudre, chaise pliante, imprimante, console de jeu… La startup TULU propose de les louer sans avoir à se déplacer : elle installe dans le hall des immeubles des « magasins » autonomes où les habitants peuvent se procurer une sélection d’articles. L’approvisionnement se fait en fonction du profil des résidents et de la saison. Pour l’utilisateur, tout le parcours de location se passe via une application dédiée.
TULU vise les gestionnaires d’immeubles qui veulent offrir de nouveaux services aux occupants des logements. La startup propose également un système de location de scooters et de trottinettes, ainsi qu’un petit magasin autonome vendant de la nourriture et des articles ménagers. Outre les appartements, TULU cible également les immeubles de bureaux et les logements étudiants, en adaptant à chaque fois son offre en location.
La startup a déjà déployé sa solution dans 130 immeubles de 15 villes, aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Irlande, aux Pays-Bas et en Israël. Elle vient de lever 20 millions de dollars, avec l’objectif d’équiper 1 000 immeubles d’ici 2 ans, indique TechCrunch.
Posséder moins d’objets… Cette tendance est au cœur d’un dossier que nous avons publié l’an dernier : « Au revoir les produits, bonjour les services et les solutions ! ». Le prêt d’objets du quotidien fait aussi partie des services proposés par le Groupe La Poste dans le cadre de son nouveau concept de conciergerie, Place des Services. Cette offre d’hyper-proximité permet de dynamiser un écosystème local, recréer du lien social et simplifier la vie de tous à l’échelle d’un îlot urbain.
Stellantis accélère sur l’autopartage
Stellantis, issu de la fusion entre PSA Peugeot-Citroën et Fiat Chrysler, prépare la mobilité de demain. Un monde où les conducteurs se détourneront de la possession de leur véhicule pour privilégier, quand ils le peuvent, la location. Le groupe automobile vient ainsi de racheter le service d’autopartage Share Now créé par BMW et Mercedes-Benz. Il permet de louer une voiture en libre-service grâce à une application dédiée.
Share Now possède 10 000 véhicules répartis dans 16 villes européennes. Ils vont s’ajouter à la flotte de 2 500 voitures en autopartage détenues par Free2move, la filiale de Stellantis dédiée à la mobilité. En tout, Free2move met déjà à la disposition de ses clients, à partir d’une application unique, 450 000 véhicules, en autopartage, en location ou encore en abonnement.
« Nous sommes une véritable ‘market place’, explique au journal Les Échos Brigitte Courtehoux, Directrice générale de Free2move. Nos clients viennent vraiment consommer de l’usage à la minute, à la journée, au mois. » La filiale mobilité espère atteindre les 15 millions d’utilisateurs actifs d’ici à̀ 2030.
À Nantes, une boutique remet le troc au goût du jour
Le concept est inédit à Nantes, et peut-être même en France. En juin 2021, La Trocquerie, une boutique entièrement dédiée au troc, ouvre ses portes sur l’Île de Nantes. Vêtements, articles de sport, petit mobilier, décoration… Tout peut s’échanger, sans qu’il soit question d’argent. « L’idée, c’est que les gens arrivent avec un objet. On le catégorise selon quatre gommettes de couleurs différentes et ils prennent ensuite dans la boutique un objet ou plusieurs avec le même équivalent en gommettes », explique au site ActuNantes la fondatrice Agathe Violain. Pour participer au troc, il faut s’abonner à la journée, au mois ou à l’année (144 euros).
Agathe Violain vise notamment les familles qui doivent régulièrement renouveler les vêtements de leurs enfants qui grandissent. Mais La Trocquerie s’adresse à tous, avec l’intention affichée de créer du lien social. « Je voulais un lieu où il y a encore de la mixité entre les bobos et les personnes plus précaires, souligne Agathe Violain. Cette boutique, c’est aussi pour avoir encore de l’échange entre tous ces publics. » Pour démarrer son activité, la jeune femme de 30 ans a lancé une campagne de financement participatif, ce qui lui a permis de constituer une première communauté de clients intéressés.
Seconde main pour enfants : Smala - une aventure sans fin mise sur les services et les ambassadrices de tri
La startup Smala (anciennement "Il Était Plusieurs Fois") est, elle aussi, originaire de Nantes et, comme La Trocquerie, elle veut faciliter la seconde main. Elle intervient, elle, exclusivement sur le secteur des vêtements d’occasion pour enfants de 0 à 16 ans. Pour se faire une place à côté de géants comme Vinted, Leboncoin ou eBay, Smala a fait le choix de développer des services qui simplifient la vie des vendeurs. La cofondatrice Aude Viaud est partie de sa propre expérience. « J’allais sur des plateformes comme Leboncoin ou eBay mais je constatais de gros manques en termes de qualité et de simplicité, pour que l’achat de seconde main devienne un réflexe », explique-t-elle au journal Les Échos.
Avec Smala - une aventure sans fin, le client n’a presque rien à faire. Un simulateur en ligne lui permet de connaître le montant qu’il touchera de la vente des vêtements de ses enfants. Il lui suffit juste de les envoyer à la startup. Smala vérifie l’état des vêtements, les prend en photo, met l’annonce en ligne, etc.
Mieux : pour les clients qui ne veulent pas faire eux-mêmes le tri dans leur placard, la startup dispose d’un réseau d’une vingtaine d’ambassadrices, rémunérées à la collecte, qui se déplacent au domicile pour aider les particuliers.
Particuliers et investisseurs sont séduits par le modèle de cette entreprise à mission : elle compte aujourd’hui plus de 30 000 clients et a levé en 2022 4 millions d’euros. Ces fonds vont notamment lui permettre d’améliorer sa logistique afin de pouvoir traiter plus de vêtements et plus vite. Ce savoir-faire est aussi une source de revenus en B2B. Des marques comme Jacadi, Bonton ou encore Little Cigogne lui délèguent le traitement des articles de seconde main qu’elles récupèrent de leurs clients. L'an dernier, la startup qui emploie 35 personnes a vendu 250 000 vêtements. Elle espère en vendre quatre fois plus en 2022.
Jaiio déploie un service clés en main pour la revente de vêtements griffés
Sur le créneau des vêtements de seconde main haut de gamme, Jaiio développe une stratégie proche de Smala - une aventure sans fin : simplifier au maximum la vie des utilisateurs en supprimant les frictions. Cette plateforme française compte aujourd’hui 4 000 abonnés et comptabilise plus de 20 000 articles de mode vendus en deux ans, indique Fashion United.
Jaiio propose un service entièrement clés en main. La startup collecte directement chez les vendeurs les pièces de seconde main griffées venant de marques comme Chanel, Chloé, mais aussi Claudie Pierlot ou Sandro. Elle se charge des photos, des descriptifs, de la mise en ligne de l’annonce…
La plateforme a levé un million d’euros, qui seront notamment consacrés à la refonte de ses outils technologiques et à un vaste plan de communication. Jaiio veut aussi développer des partenariats pour remettre en état des articles de seconde main, en rénovant le cuir par exemple.
Boulanger encourage ses clients à réparer eux-mêmes leurs appareils électroménagers
Les particuliers sont de plus en plus soucieux de prolonger la durée de vie de leurs appareils high tech et électroménagers. Pour les accompagner, Boulanger a renforcé son service après-vente en offrant plusieurs solutions de réparation. Pour les pannes complexes, l’entreprise propose d’envoyer un technicien à domicile. Mais pour les autres, Boulanger incite ses clients à réparer eux-mêmes leurs appareils quand ils ne sont plus couverts par la garantie. « 70 % des pannes sont réparables », fait valoir l’enseigne citée par Les Numériques.
Pour aider les particuliers à se lancer, Boulanger a mis en place une série de tutoriels sur les pannes les plus fréquentes, permettant d’identifier la cause du problème (« Pourquoi la cafetière-expresso ne coule plus… ») et de procéder à la réparation (« Comment détartrer une machine à café ? », « Comment remplacer la pompe de sa cafetière Nespresso Krups ? », etc.). L’enseigne a aussi noué un partenariat avec le site SOS-Accessoire pour faciliter l’achat de pièces détachées. Et pour les clients qui hésitent à se saisir de leur tournevis, Boulanger propose, pour 39 euros, un service d’accompagnement en visio.
Sur l’année 2022, la marque espèrait aider à la réparation de « 1,2 million de produits, dont plus de 400 000 directement chez les clients ». L’enseigne annonce aussi l’embauche de 150 techniciens et techniciennes pour répondre à cette demande croissante de réparabilité.
L’Autriche rembourse 50 % des réparations
Sèche-cheveux en panne ou écran de téléphone en miettes ? Depuis avril 2022, le gouvernement autrichien finance la moitié des réparations pour les appareils électriques et électroniques, à hauteur de 200 euros par appareil. « C’est bon pour l’environnement et pour le porte-monnaie », résume Leonore Gewessler, la ministre autrichienne de l’environnement, en commentant ce programme baptisé Reparaturbonus.
On le sait peu, mais une initiative analogue arrive en France. La loi Anti-gaspillage et économie circulaire votée en 2020 prévoit en effet la création d’un « fonds d’aide à la réparation ». Les modalités n’ont pas encore été précisées dans le détail. Le taux d’aide moyen pourrait être de 20 %. Le lancement est annoncé pour cet automne.